Bibliothèques et Culture dans l’Ordre
Les premières bibliothèques, héritières de l’armarium, apparaissent au XIII ème siècle à Prémontré, vers 1220-1233, parallèlement au scriptorium. Sur le territoire français elles sont alors au nombre de 154, tant pour les abbayes masculines que féminines. Si quelques chartriers (Saint-Martin de Laon, Bellapaïs) ont échappé aux destructions, il semble bien que toutes les bibliothèques médiévales aient disparu, à l’exception de leurs fonds de manuscrits, comme celui de Prémontré (150mss), Seluncourt (50mss) ou Belval (100 mss).
Religieux lisant dans le scriptorium
Au XVI ème siècle, elles s’agrandissent d’armoires thématiques, de pupitres; au XVIIème siècle, elles se généralisent dans la plupart des couvents où règnent l’enseignement et la culture et atteignent leur sommet au XVIIIème siècle en beauté, en qualité et en diversité d’ouvrages. Le décor magnifie le livre. Les grandes salles sont lambrissées, parquetées, ornées de peintures et garnies d’étagères, décorées de globe céleste et terrestre . A Cuissy et Etival on trouvait 7000 volumes, au Mont Saint-Martin 8000 et à Amiens 23000. Toutes ont disparu. Celle de Pont-à-Mousson(23000 livres) avait résisté à la tornade révolutionnaire mais elle fut incendiée en 1944.
En revanche, de magnifiques bibliothèques subsistent:en Belgique à l’abbaye de Park, où le stucateur Jean Christian Hansche réalisa en 1672 les plafonds de la bibliothèque et du réfectoire; en Autriche à Geras, où subsistent des meubles à transformation extraordinaires et un plafond qui évoque “La progression de l’humanité vers le Christ”; en République tchèque à Nova Rise, décorée en 1741, dont le programme iconographique exalte l’Eucharistie et les arts, et à Strahov avec deux salles: celle de la théologie (1671-1679), illustrant l’Amour de la Culture et de la Science, et celle de la Philosophie (1782-1786), peinte par le fresquiste Maulbertsch (1724-1796)) et habillée de boiseries provenant de Louka; en Allemagne à Roggenburg (1783) et à Schussenried, l’une des plus spectaculaires dédié au “Triomphe de la Sagesse Divine” L’Ordre à l’époque classique foisonne de savants auteurs, comme Charles Louis Hugo, abbé d’Etival en Lorraine, historiographe, qui produisit un dictionnaire des monastères prémontrés au prix d’une intense recherche. Il compte aussi de bons auteurs spirituels comme Sébastien Sailer, chanoine de Marchtal en Souabe, Georges Lienhardt,abbé de Roggenburg en Bavière, qui laissa un recueil de vie de saints de L’Ordre, ou Denys Albrecht, prieur du Mont-Saint Odile en Alsace, auteur d’un célèbre manuel de spiritualité nobertine, les Desideria (1789)
Auteurs: Martine Plouvier :Présidente du CERP , Frère Dominique Marie Dauzet :Abbaye de Mondaye , Cécile Souchon : CERP