La réforme dite “de Lorraine” s’insère dans le cadre plus général d’un certain nombre de tentatives de réforme des ordres religieux anciens, après le Concile de Trente (1545-1563). Les cisterciens ont connu les leurs (Feuillants, Trappistes…) et l’ordre de Prémontré n’y a pas échappé. La congrégation de l’Antique Rigueur a été instituée-à l’intérieur même de l’Ordre- à l’initiative d’un religieux lorrain, Servais de Lairuels ( 1560-1631), abbé de Sainte-Marie-au-Bois près de Toul, depuis 1601, Vicaire général de l’Ordre pendant une vingtaine d’années, Laruels a une connaissance approfondie de la réalité prémontrée et des réformes à faire.

Portrait de Servais de Laruels. Peinture conservée à la bibliothèque humaniste de Sélestat,XVI ème siècle

En 1603, il publie son Optica Regularium, un grand programme réformateur, qui prône un retour à l’austérité des observances primitives voulues par saint Norbert et bien relâchées au fil des siècles. Après avoir réformé sa propre maison (ascèse,abstinence perpétuelle,silence, dortoir et réfectoire communs ), il transporte en 1610 son monastère en ville ,à Pont-a-Mousson aux portes de la célèbre université des Jésuites, à qui il voue une grande admiration. Tous les prémontrés de Lorraine engagé dans la réforme de Lairuels viendront se former à cette université, bastion du catholicisme tridentin. Car l’abbé de Pont-a-Mousson exporte maintenant sa réforme: les abbayes de Justemontet de Salival rejoignent Laruelset, en 1617, le pape Paul V accorde aux trois monastères un statut indépendant , à l’intérieur de l’Ordre, pour agréger à l’Antique Rigueur toutes les maisons prémontrées qui le voudraient.

Abbaye de Pont-a-Mousson (Meurthe et Moselle)

La réforme lairuelienne est diversement appréciée par le reste de l’Ordre,mais elle connait un succès certain en Lorraine (la totalité des des abbayes prémontrées) comme en Champagne et en Normandie, où elle est adoptée par cinq des neuf maisons de la circarie. Ainsi l’ordre de Prémontré reste t’il scindé en deux observances concurrentes, La Commune Observance et la Stricte Observance, et ce jusqu’à la Révolution. Il ne faudrait pas pour autant forcer l’opposition des deux groupes , car on sent alors dans tout l’Ordre un réel désir de vie religieuse authentique, comme le montrent les beaux status rénovés de 1630.

Auteurs: Martine Plouvier :Présidente du CERP ,  Frère Dominique Marie Dauzet :Abbaye de Mondaye , Cécile Souchon : CERP

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