L’Abbaye de Lahonce a été bâti en 1164 par les Chanoines réguliers Prémontrés venus de la Case-Dieu. Elle est le plus ancien édifice d’art roman en Pays Basque Nord ayant conservé son corps dans son entier.

LE PORCHE       

Le porche de l’abbatiale accueille les dalles funéraires du chevalier Saint-Martin de Souhy enterré en 1858, chevalier de l’ordre militaire de Saint Louis, décoré par Charles III, ainsi que celle de sa fille à côté de sa tante. Se trouve également la tombe d’une Benoîte*, enterrée ici en 1766 dont la dalle porte l’inscription en basque ‟Zerura anderea serora″ qui peut se traduire par ‟Vers le ciel, madame la Benoîte″.

               (*) La Benoîte, personnage laïque spécifique du Pays Basque, d’un rang élevé dans la hiérarchie locale, est une   gestionnaire des biens de l’Eglise. Le fait qu’une femme occupe cette importante fonction dans l’Eglise est parfaitement admis par tous. Elle tient les finances, sonne les cloches, organise baptêmes, mariages, enterrements. Aucune cérémonie ne peut se concevoir sans sa présence. Elle est également médiatrice dans les litiges particuliers.

Le Portail dentrée      

Le portail d’entrée en pierre, ébrasé1 en plein-cintre2, est une très belle représentation de l’art roman.

La porte en bois clouté est encadrée par trois colonnettes engagées3. Leur chapiteaux4 sont feuillagés et fleuris sauf le sixième, décoré des deux personnages qui ont été les piliers de l’Ordre Prémontré : le fondateur Saint Norbert et le Bienheureux Hugues. Leurs visages sont gravement délités par le temps et surtout par la friabilité excessive de la pierre utilisée provenant de la carrière de Mousserolles.

La façon de les représenter veut exprimer l’essentiel du norbertisme : pauvreté, ferveur et simplicité. Norbert de Xanten tient dans ses bras la Règle de St Augustin. Il est vêtu d’une simple robe de bure blanche, recouverte d’une chape eucharistique, en vrai pauvre du Christ, bien que cousin de l’Empereur Henri IV du Saint Empire.

A sa droite, Hugues de Fosses, acquis comme Norbert à la réforme grégorienne5, lui aussi de blanc vêtu, est en prière. Jouant d’un instrument, il chante la  louange divine. Entre eux deux, les surplombant, le visage irrémédiablement  effrité de leur protecteur, Barthélemy de Joux. Leur présence sur le seuil de l’abbatiale, marque le passage d’un espace profane à un espace sacré. Sous l’arc en plein cintre2, un tympan très sobre porte la date de 1121. Cette date gravée plus tardivement, n’est pas la date de construction mais celle de la fondation de l’Ordre des Prémontrés par Saint Norbert. Le portail est inscrit aux Monuments Historiques : 19/05/1925

(1)  Ebrasé : agencement en oblique des parties verticales d’une ouverture,                                        

       (2)  « En plein cintre » se dit pour un arc dont  la courbe correspond à un demi-cercle, donc non brisé.       

       (3)  Engagé : lorsqu’il n’y a plus qu’une ½ colonne qui ressort de la maçonnerie       

       (4)  Chapiteau : partie supérieure de forme évasée qui couronne une colonne

       (5)  Réforme grégorienne : magnifique renouveau de ferveur religieuse, dans lequel tout ce que l’Eglise carolingienne pouvait avoir de pesanteurs et de  compromissions avec le monde est remis en question.

 Le Narthex    

Le narthex, ici rudimentaire, qui sert d’antichambre à la nef, possède cependant l’essentiel de ce qu’il doit contenir.

A droite en entrant, la main n’a juste qu’à se tendre pour trouver bien à sa place le bénitier en marbre blanc, encastré dans le mur. Dans l’angle du mur, sous l’escalier en pierre qui monte aux galeries, une porte surbaissée ouvre sur un petit palier qui donne accès à deux escaliers invisibles : l’un monte en vis dans une tour creusée dans l’épaisseur de l’angle du mur et conduit aux cellules des chanoines. L’autre descend dans un souterrain pour permettre une évacuation d’urgence, bien utile en périodes troublées.

A gauche, les travaux de restauration ont mis à jour les Fonts baptismaux  d’origine de l’abbatiale. Cette simple cuve en pierre et la petite niche latérale du saint-chrême*, d’apparence insignifiante, acquièrent une dimension symbolique spéciale puisque, lors du baptême, c’est ici que sous un nouveau ciel, se réalise le signe d’une nouvelle vie qui ne finit pas.

  (*) Mélange d’huile végétale naturelle parfumée utilisé dans le baptême          

 

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