Lautel latéral de la Vierge

Dans un volume très réduit, l’ingéniosité des bâtisseurs a réussi à donner l’illusion d’une véritable chapelle, par une disposition qui s’apparente à un trompe-l’œil. L’ensemble se décompose en deux éléments : un imposant portail d’entrée et la chapelle dans un renfoncement.

Le portail d’entrée du début du XVIIe siècle est de type dit ‟à tabernacle″, c’est-à-dire surmonté d’une niche qui reçoit la Vierge en Majesté. Il est composé de deux pilastres1 cannelés2 et dorés couronnés de deux chapiteaux3 corinthiens qui soutiennent un entablement richement décoré de mascarons4, de feuille d’acanthe, de volutes feuillagées. Au milieu et en relief, un cartouche avec couronne comtale présente les armoiries de la famille de Souhy.

Au sommet du portail, le ‟tabernacle d’architecture″.  C’est un ensemble de volutes de feuillages, de fruits et de fleurs. Deux pilastres1 cannelés2 à chapiteaux3 toscans encadrent une niche à coquille Saint-Jacques qui reçoit la statue médiévale de la Vierge à l’Enfant de Lahonce.     

Ce magnifique portail d’entrée ouvre sur La chapelle.

La grande épaisseur du mur permet de créer, dans un renfoncement, l’illusion d’une chapelle. Les murs latéraux sont évoqués par deux panneaux lisses, sous une voute en anse de panier. Un gros tore5 feuillagé délimite le fond de la chapelle entièrement occupé par un retable6 décoré de gerbes de fleurs renversées, de chutes de fruits et de têtes d’anges ailés entourant une peinture de l’archange Saint-Michel représenté ici dans sa fonction de ‟Peseur d’âmes″. Tout en terrassant le démon sous ses pieds, il tient dans sa main une balance à fléau dont Satan tire un des plateaux. Dans l’autre plateau, un personnage minuscule (en comparaison de l’énorme démon) représente l’âme du Juste qui au moment de sa mort, malgré les apparences, pèse plus lourd que toute la force déployée par le monstre. La porte du ciel lui est alors ouverte.  Sous la voute, les lettres IHS7 sont ce que l’on appelle un « christogramme», autrement dit une ancienne abréviation du nom de Jésus-Christ. Au dessus de la barre de la lettre H : la croix ; et en dessous : les trois clous de la crucifixion réunis par la pointe

(1)Le pilastre ressemble à une colonne. Il est encastré dans un mur, tandis que la colonne en est détachée. Il est uniquement décoratif
(2)Les cannelures sont des sillons ou des moulures verticales réalisées sur un pilastre ou sur le fût d’une colonne.
(3)Chapiteau : partie supérieure en forme de bloc évasée qui couronne une colonne.
(4)Un mascaron est un ornement représentant généralement un masque, une figure humaine, 
(5)Un tore est une moulure pleine au relief arrondi qui se présente sous forme d’anneau ou de baguette plus ou moins épaisse. 
(6)Le retable est une construction verticale qui porte des décors sculptés ou peints, en arrière de la table d’autel.
(7)Au IIIesiècle, les chrétiens avaient pour habitude de raccourcir le nom de Jésus et de ne garder que les trois premières lettres de son nom en grec ΙΗΣ  (Jésus s’écrivant ΙΗΣΟΥΣ en majuscules).  La lettre grecque Σ (sigma) fut ensuite transcrite dans l’alphabet latin sous la forme du S, si bien que le monogramme se transforma en IHS.

 

 La Vierge en Majesté romane

La statue de l’autel latéral est un modèle parfait de ‟Vierge en Majesté″.

Cette Vierge romane, regardant droit devant elle, est assise sur un trône : le trône de Dieu. Elle est aussi elle-même le trône vivant du Christ assis sur ses genoux : c’est le ‟Double trône″.  A sa main droite elle tient un sceptre à la fois symbole de sa royauté et de sa maternité virginale. Posée sur sa tête, une couronne : elle est Reine.

Le ‟Christ Emmanuel assis sur ses genoux n’est pas un enfant, mais un petit adulte conscient de son rôle. De la main droite il bénit : pouce, index et majeur tendus (indiquant les 3 personnes de la Trinité), annulaire et auriculaire repliés (évoquant les 2 natures humaine et divine du Christ). De la main gauche il tient un livre, celui des Ecritures.  La présence d’un livre (et non d’un globe), ainsi que le nombre de doigts repliés (2 et non 3) incitent à situer l’œuvre à la fin du XIIIe début du XIVe siècle. Cette statue polychrome en bois de noyer est creuse.

Le cœur du bois a été évidé pour éviter qu’il ne se gauchisse ou ne se fende. Après restauration en 2019, elle a retrouvé sa splendeur d’origine. Cette statue témoigne que Marie a été honorée dès le XIIIe siècle comme Reine du ciel et de la terre par la dévotion populaire, bien avant que cette piété populaire ne soit confirmée par la promulgation du dogme de l’Assomption au XXe siècle. L’œuvre est inscrite aux Monuments Historiques : 14/03/1986

 

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