L’Ange Gardien et l’enfant – L’aventure existentielle
Il ne faut pas s’arrêter au simple côté esthétique de l’œuvre du peintre palois Gorse, inscrite aux Monuments historiques,
car non seulement elle offre un enseignement complet sur le rôle et fonctions de l’Ange gardien mais surtout elle raconte une touchante aventure existentielle, celle d’un enfant.
Un ensemble de détails spécifiques très significatifs. La représentation se nourrit de dualités grand/petit, visible/invisible, matériel /spirituel, omniprésentes.
L’ange parait démesuré par rapport à l’enfant. Et tout à fait ‟visible″ bien qu’étant un pur esprit immatériel ! La licence que se donne l’artiste de ‟représenter″ visuellement ce personnage par essence invisible trouve sa justification dans la certitude qu’il a de l’existence réelle des anges1.
- Alors Jésus appela un petit enfant : il le plaça au milieu d’eux, et il déclara : Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits, car, je vous le dis, leurs anges dans les cieux voient sans cesse la face de mon Père qui est aux cieux. (Math 18, 2-10)
Dans le coin inférieur gauche un gouffre, dans lequel se cache un dragon maléfique, constitue à l’évidence un réel danger matériel. Mais si, dans une dualité assumée, l’ange ‟visible″ représente une réalité invisible, alors réciproquement c’est un risque spirituel qu’évoque le danger matériel du gouffre. C’est pourquoi l’Ange gardien avance son pied devant l’enfant pour le préserver de ces 2 chutes mortelles, la plus grave étant la chute spirituelle.
Non seulement précieux protecteur, l’ange a également une fonction de médiateur et de messager théophanique : il enseigne à l’enfant que s’il est nécessaire d’être vigilant dans le monde matériel, il est urgent de l’être aussi dans le monde que montre son doigt. Il faut prendre le temps de peser la gravité de l’instant : il y a une option fondamentale à choisir. Et c’est avec une grande intelligence et sagesse que l’enfant le comprend : il fait son choix, qui est celui de regarde le ciel … et non le doigt !
Le point culminant de l’œuvre se cache dans un petit détail – unique dans ce genre d’iconographie – que seul un œil inspiré va rechercher. Il s’agit du minuscule crucifix que l’enfant presse affectueusement sur son cœur, montrant par l’expression de son visage qu’il adhère au message que l’ange lui apporter.
Ainsi, en passant du grand au petit et du visible à l’invisible, la perspective s’inverse puisque c’est ce petit et bel enfant qui en est le personnage principal, et qui donne son véritable sens à cette aventure existentielle. Il est remarquable que ce soit avec autant de naturel et de calme simplicité, que Gorse ait réussi à exprimer de si grandes choses !