Abbaye de Lahonce Esthétisme et Symbolisme (4)

 

Le tabernacle  

Ce tabernacle de la fin du XVIIe siècle a été magnifiquement restauré en 2011. Il contient la réserve* eucharistique de l’Abbaye. En bois doré, formant un demi-cylindre, il est posé sur la tranche. Sur sa porte, un ciboire est sculpté en bas-relief, encadré par des rinceaux**. Au dessus, comme en forme de couvercle, deux têtes d’anges ailés en sont les gardiens. La forme de coffre recouvert d’or de ce tabernacle, ainsi que la présence d’anges ailés sur un couvercle protecteur créent une similitude voulue et recherchée avec l’Arche d’Alliance. L’Arche d’Alliance est le coffre en bois

recouvert d’or et surmonté de deux chérubins qui, selon la Bible, contient les Tables de la Loi données à Moïse sur le mont Sinaï. C’est la résidence terrestre de יהוה,  ‟tétragramme″ qui désigne par quatre lettres sémitiques le nom de Dieu (Yahweh) qu’on ne doit pas prononcer.

(*)   Hosties consacrées, conservées dans une église. Cette nouveauté médiévale avait pour but de permettre aux malades et aux     personnes enfermées de recevoir la communion régulièrement,    

                                    (**) Motif ornemental en forme de branche recourbée munie de feuilles, de fleurs, de fruits  

 

Le tableau de SaintMichel    

En vis-à-vis du Saint-Michel ‟Peseur d’âme″ de la chapelle de la Vierge, et sur le mur opposé, une magnifique huile d’école hispanique représente également l’archange Saint-Michel, mais dans sa fonction de ‟Prince de la milice céleste″. Debout sur un nuage, il tient dans sa main droite une longue croix et dans sa gauche une palme. Près de son visage flotte une inscription latine en lettres de feu : ‟Quis ut Deus(‟Qui est comme Dieu″).  En ‟Défenseur de l’honneur de Dieu″, l’archange Saint-Michel s’oppose à Lucifer, qui cède à la tentation de se croire Dieu, révolte qui le perd, lui et les siens. Cette peinture sur toile du XVIIe siècle est signée en bas à gauche ‟Juan Correa F(ecit)″. Artiste mexicain d’ascendance basque, Juan Correa est très influencé ici par l’art de la métropole madrilène dont le style s’est diffusé jusqu’en Amérique latine. L’œuvre restaurée en 2020 est inscrite aux Monuments Historiques : 14/03/1986.

Les stalles 

Dans le chœur, les stalles adossées à une boiserie périphérique du XVIIIe siècle sont datées du début du XIXe siècle et ont remplacé celles des premiers Chanoines Prémontrés. En ces temps là, ils se tenaient debout dans des compartiments individuels séparés par des parcloses en bois pendant  la Liturgie des Heures. Cette disposition rudimentaire, qui correspondait bien à la simplicité norbertine, a cependant évolué du fait de la longueur des Offices et de l’avancement

inévitable en âge de la communauté. Peu à peu, ont été aménagés des sièges amovibles et rabattables, semblables aux actuels qui sont munis de ‟miséricordes″, ces petites consoles fixées sous le siège qui permettent, quand il est relevé, de prier debout/assis. Initialement réservées aux plus âgés, tous les chanoines finirent par en posséder une.

Bien que la réalisation de ces stalles soit de moyenne facture, elles donnent pourtant un poids existentiel immense à cet espace, puisque que c’est ici que les hommes de Dieu ont passé le plus clair de leur vie. Lors de leur restauration en 2019, ont été mis à jour des décors du17e siècle recouvrant les emplacements d’enfeus originels  dont ceux du Vicomte Bertrand de Labour et du Chevalier  de Sault  faisant de Lahonce une nécropole labourdine.

 

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