LES VERRERIES  ORNEMENTALES  DE  LA NEF

Depuis le XIIIe siècle, dans le monde des verriers, on distingue deux sortes de lumières : la lumière divine (Dieu) et la lumière physique (manifestation de Dieu). Les vitraux sont alors chargés de transformer la lumière physique

en lumière divine, autrement dit de faire entrer la présence divine dans l’édifice. En outre, la lumière provenant des vitraux a pour but de délimiter un espace céleste au cœur de l’église. C’est ainsi que, par le portail d’entrée, celui qui passe d’un espace profane à un espace sacré, peut progresser avec confiance de l’ombre recueillie du narthex vers la céleste lumière du chœur.

Les verreries d’inspiration cistercienne de la nef, riches d’un entrelacs d’arcs géométriques d’un plus bel effet, réveillent ce temps où une ordonnance de 1150 stipule qu’elles doivent être ‟sans croix ni représentation″ (sine crucibus et picturis ) pour rappeler l’exigence de régularité prônée par Saint Bernard.  Elles apportent une belle et douce lumière colorée.

Les 5 verrières de losanges et les 2 de type cistercien, sont composées de verre antique soufflé  provenant de la verrerie de Saint-Juste-sur-Loire et restaurées par l’atelier Gérald Franzetti de Bayonne en 2019.

LES VITRAUX  DE  L’ABSIDE

Les 3 vitraux de l’abside ont été réalisés en 1873 par Pierre-Gustave Dagrand, peintre-verrier de Bayonne. De style «mixte»* habituel au 19ème siècle, en verre de couleur soufflé et peint, ils ont été offerts par le maire de l’époque, Mr Detcheverry, propriétaire du château « Lhoste », à l’occasion des noces d’un de ces enfants.  Ils représentent trois personnages (Pierre, Marie, Joseph) en pied sous le dais ornemental et dont le nom est inscrit en latin au pied dans le motif architectural.

Au centre le personnage principal : les mains jointes et couronnée, de facture très classique, la Vierge-Reine Immaculée écrasant le serpent. “Elle est bien cette femme venue broyer la tête de l’antique serpent et c’est en vain que le monstre aux mille ruses a tenté de la mordre au talon” (Bernard de Clairvaux 1090-1153). En écrasant le serpent, la Vierge ne terrasse pas seulement la symbolique de l’esprit du mal mais aussi l’hérésie sous toutes ses mille formes, tel St Norbert avec Tanchelin.

Au nord, Saint-Pierre, dans une attitude hiératique majestueuse d’inspiration romantique, tient précieuse-ment serré sur son cœur l’attribut classique de sa reconnaissance : la clef du Royaume qui lui a été confiée. De sa main droite il tient l’Evangile posé sur sa jambe.

Au sud, Saint-Joseph est représenté sous les traits d’un homme d’âge mûr. Il a pour attribut un bâton fleuri d’un lys et tient par la main l’enfant Jésus qui lève un doigt vers le ciel.

(*) Style mixte : style mêlant  la reprise de l’ornementation gothique avec le ‟perfectionnement″ des figures.

L’Obituaire                       Cérémoniel liturgique funéraire

Parmi les différentes personnes qui vivent au sein de l’abbaye, certaines sont très connues comme : l’Abbé qui est le supérieur de l’abbaye, le Prieur qui le seconde, le chanoine, le novice.  Mais il y a d’autres responsables moins connus, comme le cellérier (qui gère le domaine de la ‟pitance″) ou l’armarius qui, en plus de gérer tout ce qui concerne les livres et les manuscrits, tient à jour un registre qu’on appelle obituaire.

Un obituaire est un registre où sont inscrits le nom des morts et la date anniversaire de leur sépulture afin de célébrer des offices religieux pour le repos de leur âme.

Chaque inscription dans ce livre concernant un défunt s’appelle un OBIT.  Parfois, il lui correspondre un objet qui prend la forme d’un cadre, d’une plaque, d’une peinture, d’une gravure, et qui s’appelle un OBIIT (contraction de Obivit, il a vécu).

L’obituaire manuscrit de l’abbaye a disparu, ainsi que les archives, dans des incendies, pillages, destructions. Mais l’abbaye a malgré tout conservé un obituaire en pierre, dont les obiits sont gravés directement dans le mur de son chevet.

L’obiit le plus remarquable est celui de Guilhem d’Oloron gravé sur le mur sud du chevet.

Le graphisme  des lettres ferait remonter cette inscription au XIIIe siècle.    « VI kalendas octobris / obiit Willelmus d’Oloro. »

Traduction : Le 6 des calendes d’octobre est mort Guilhem d’Oloron

Il indique l’emplacement au sol où Guilhem d’Oloron a été enterré, la tête contre le mur de l’abbaye. Cette position particulière est voulue car, de la sorte, placé directement sous le bord de la toiture d’un édifice sanctifié par la présence de la réserve eucharistique, le défunt reçoit une pluie d’eau bénie.

Les autres obiits sont plus discrets, indiqués par une date ou une simple croix.

Ces obiits simplifiés ne sont pas à confondre avec les graffitis modernes profanes qui ne sont que de déplorables dégradations.

La légende raconte que, selon l’usage de l’époque, Guilhem aurait pris son bâton, et dessiné une tombe sur le gazon en disant: ‟C’est là que je veux reposer, mais point de pierre tumulaire, un simple banc de gazon″.

La présence d’un obituaire tumulaire autour du chevet appelle une recherche archéologique à initier dès que possible.

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