La Nef
La spiritualité dépouillée et épurée du norbertisme justifie le choix d’un vrai plan basilical à nef unique, sans transept ni bas-côtés, choix qui ne fait pas injure aux pauvres. Cette nef, bien que modeste, se singularise par son extrême longueur et, grâce à la hauteur de la voute, les volumes en restent très harmonieux. De plus, l’ensemble possède une vertu rare, très recherchée et appréciée : une acoustique somptueuse.
Le service d’évangélisation et d’éducation des Prémontrés auprès de la population a contribué à améliorer les conditions de vie et de travail au Pays Basque. Le nombre de paroissiens a augmenté de telle sorte qu’on manquait de place dans la nef. En 1674, l’évêque de Bayonne Jean de Gaona a donné l’autorisation d’augmenter la capacité d’accueil par l’adjonction de tribunes. A la galerie au dessus du narthex, le premier banc est réservé au conseil municipal et au chantre qui se tient en son centre. Le chantre est un dignitaire qui remplit l’office de maître de chœur. Il a devant lui un lutrin pivotant à deux faces destiné à recevoir les recueils d’hymnes qu’il entonne, et que reprend l’assemblée. Cette charge honorifique s’est éteinte avec Jean Elissalde ( 1890 – 1953 ) qui a officié pendant 63 ans et ne l’aurait manquée que trois fois.
Saint Norbert
Dans les murs nord et sud, les travaux ont mis au jour de nombreux enfeus, niches funéraires creusées dans le mur. Le parti a été pris de les murer, sauf celui qui présente la statue du XVIIIe siècle de Saint Norbert. Restaurée à la feuille d’or en 2019 et sécurisée par une vitre blindée, elle le représente dans sa fonction archiépiscopale coiffé d’une mitre, et également dans sa fonction de fondateur de l’Ordre des Prémontrés tenant à la main un livre, la Règle de Saint Augustin. Sa main droite tenait un ostensoir en or, malheureusement disparu. De son pied, il terrasse (virtuellement) le faux moine Tanchelin dont on ne voit que la tête. Dans son symbolisme, le mouvement du drapé de la chape de Saint Norbert enserrant la tête de Tanchelin est particulièrement réussi. A Anvers, cet ennemi héréditaire de Norbert prêchait contre le sacerdoce et l’eucharistie, et trainait à sa suite de nombreux adeptes, profanateurs d’hosties. Les Prémontrés et Saint Norbert, grands défenseurs de la dévotion eucharistique, eurent rapidement raison de ces fous fanatiques. Voulant fuir, en traversant le fleuve l’Escaut à la nage, Tanchelin mourut noyé. Il fut condamné comme hérétique au XIIème siècle.
Le Crucifix
Pendant le Moyen Âge, les ‟Christ en croix″ sont représentés glorieux dans un premier temps, puis douloureux en agonie dès la fin du XIIIème siècle et jusqu’au XVe siècle, et enfin en beauté à partir du XVIe siècle. Au dessus de l’escalier de la galerie nord, se trouve un crucifix monumental appartenant à ce dernier genre. Ce Christ de la fin du XVIIe siècle en bois d’ormeau polychrome (traces) est représenté sur la croix simplement vêtu du perizonium (du grec: περίζωμα, autour de la ceinture), linge noué autour des reins au drapé d’une grande recherche esthétique spécialement dans la réalisation, en bois de chêne, du complexe et somptueux nœud latéral. Le dos de la statue non visible de la nef est cependant sculpté. Le beau visage allongé du Christ, aux yeux clos et au front ceint d’une couronne torsadée, non d’épines mais royale, exprime la sérénité. Il est encadré par une barbe frisée, très soignée, et par une chevelure ondulée dont une longue mèche nattée descend jusqu’à l’épaule, pour en souligner la beauté.
A l’heure actuelle, une esthétique nouvelle recherche le symbolisme de la croix dans son aspect triomphant. C’est une façon de retrouver la vision des premiers temps qui, en réalité, ne s’est jamais perdue, celle d’un Christ ressuscité qui se cache derrière la souffrance, et d’une divinité voilée dans son visage crucifié